BZK
Le projet
Dernière mise à jour : 8 déc. 2020
Vouloir rallier Vladivostok depuis la France, en side-car, ça ne s'invente pas. Dans cet article nous vous présentons comment est née cette idée et quelles sont nos motivations.
Qui êtes-vous ?
Marc : Nous sommes deux cousins. François à 28 ans, j'en ai 29. Il vit à Angers et moi à Paris. Petits nous partions en vacances ensemble, nous sommes plutôt proches même si les années d'études et les différents voyages à l'étranger nous ont parfois éloignés.
François : Il y a 5 ans, j'ai eu un grave accident de la route en rentrant du travail, depuis je me déplace en fauteuil et ai des troubles de la motricité. J'ai aussi une dysarthrie, je ne parle pas très bien. Mais j'ai toute ma tête !
Comment vous est venue cette idée du voyage jusqu'à Vladivostok ?
Marc : En 2020, je devais partir à moto et en solo pour le lac Baïkal. Le covid a eu raison du voyage et j'ai dû me résoudre à rester en Europe pendant l'été.
La préparation du voyage avait nécessité beaucoup d'investissement, pas seulement financier. Je voulais bien évidemment retenter ma chance en 2021 mais différemment.
Pendant l'été 2020, en Grèce, j'ai lu le livre de Patrick Segal L'homme qui marchait dans sa tête. Ce livre a été un déclic pour moi, j'ai proposé à mon cousin François de monter un projet en side-car.
François : Sur le papier le projet est dingue ! Il nécessite cependant beaucoup de préparation.
Qu'est-ce qui vous donne envie d'aller jusque Vladivostok ?
François : L'objectif du voyage est avant tout de partir à l'aventure, se mettre en difficultés. Pour aller jusque Vladivostok il faut traverser l'Europe, la Turquie et l'Iran. Vous arrivez ensuite dans les montagnes d'Asie Centrale par la Pamir Highway, la deuxième route la plus haute du monde. Après le Kazakhstan, vous rejoignez les steppes Mongoles en passant par le massif de l'Altaï. Il ne reste "que" 3000 kilomètres dans l'extrême orient russe pour arriver sur les rives du Pacifique à Vladivostok.
En partant de Saint Nazaire, vous reliez symboliquement l'Atlantique au Pacifique. Nous voulons faire quelque chose de fou sur le papier.
Pourquoi voulez-vous partir en side-car et pas en voiture ?
Marc : je fais de la moto depuis peu de temps mais j'adore voyager avec. En particulier à l'étranger, vous créez toujours des liens en baroudant à moto. Où que vous alliez, il y aura toujours quelqu'un intrigué pour venir vous parler de votre moto pleine de bagages. En voiture, j'ai le sentiment que c'est différent.
François : dans la mesure où je me déplace en fauteuil roulant, la moto n'était pas envisageable. En revanche le side-car est parfait, nous allons pouvoir transporter tout notre matériel, rouler ensemble et avoir un maximum de sensations. Et puis le side-car ça respire l'aventure !
Combien de temps prévoyez-vous pour atteindre l'océan Pacifique ?
François : il y a environ 20 000 kilomètres à parcourir dont la moitié sur des routes en mauvais état voire de la piste. Nous voulons nous laisser le temps de découvrir les pays que nous allons traverser et également de filmer notre périple. L'idée est donc de partir 4 mois.
Cela correspond à une moyenne inférieure à 200 kilomètres par jour. Sur le papier c'est très peu du point de vue d'un européen qui roule à 130 km/h sur autoroute. Il faut bien garder en tête que nous roulerons beaucoup moins vite en Mongolie par exemple. Si le side-car s'embourbe quelque part et qu'il faut le désensabler, la moyenne risque de diminuer très vite.
Marc : il n'y a rien de pire que de voyager avec la contrainte du timing. Nous préférons prévoir large en cas de problèmes techniques ou de santé quitte à avoir plus de temps pour visiter l'Iran ou profiter des bords du lac Baïkal. C'est aussi en se ménageant du temps que l'on se laisse plus de chances de faire des rencontres. Le projet est encore en cours d'élaboration, nous aimerions pouvoir établir des échanges avec les clubs de motards, des associations autour du handicap et pourquoi pas certains clubs service.
Quel est le retro-planning de votre projet ?
Marc : Il y a plusieurs paramètres à intégrer. Le premier est le temps nécessaire au développement, à la fabrication et à l'homologation du side-car par un professionnel. Il faut compter environ six mois. Ensuite, nous allons devoir nous roder, tester le matériel et surtout apprendre à conduire cet engin !
François : Nous visons un premier voyage test en Europe en 2021. Nous pensons pour l'instant au Cap Nord, c'est une destination "exotique" mais assez sécurisante puisque le tracé est facile (en été) et que nous pouvons facilement échanger avec les locaux en anglais.
Si tout est OK, nous visons un départ pour Vladivostok en avril/mai 2022.
Indépendamment du voyage en lui même, qu'attendez-vous de ce projet ?
Marc : En nous filmant tout au long du voyage, nous voulons avant tout sensibiliser les personnes valides et faire changer le regard sur le handicap.
François : Mon plus gros handicap est certes de ne pas pouvoir marcher mais le plus dérangeant vis-à-vis des autres ce sont mes problèmes d'élocution. Même si j'ai toute ma tête, certaines personnes me regardent bizarrement quand je parle, d'autres m'infantilisent.
Marc : Au delà de ça, si certaines personnes ayant eu un accident de la vie peuvent retrouver l'envie de repousser leurs limites en suivant notre périple, ce sera une belle victoire. De quoi avez-vous besoin concrètement aujourd'hui ?
Le développement du side-car est particulièrement coûteux. Nous avons donc besoin de financements. C'est pour cela que nous avons créé l'association BZK trails, pour cadrer la collecte de fond. Nous espérons ensuite pouvoir prêter le side-car à d'autres personnes qui souhaitent également partir à l'aventure. Ce serait une très belle suite après le voyage.